LA CHAPELLE DE LA CALANQUE DE PORT-MIOU
LE CHÂTEAU
DU CASTRUM À NOS JOURS
Du castrum au château
Depuis les hauteurs de la pointe des Lombards, dominant le petit port, une tour (en bois ou en pierre ?) devait permettre dans l’Antiquité tardive d’observer les incursions. Celles des Burgondes au Vème siècle, des Wisigoths au VIIème, puis des Sarrasins du VIIIème au Xème ont conduit la population à se réfugier sur les hauteurs. Alors fut édifié un « Castrum » soit une enceinte fortifiée dont subsiste ce que l’on nomme
la « tour sarrasine ».
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Au XIIIème siècle, les seigneurs des Baux ayant pris possession de Cassis, ils font pendant la guerre de Cent Ans édifier l’enceinte actuelle munie de 4 tours carrées . Sur la porte rayonne, simplifié, le blason étoilé des Baux qui se voulaient descendants des Rois Mages. La vie du village — pas plus de 50 maisons — s’y concentre autour d’un puits, d’un four à pain et d’une église consacrée à Saint Michel.
Cassis se résume alors à son château (« Castrum Carsicis » ou Castrum de Cassitis ») d’où les habitants sortaient le matin pour pêcher et cultiver le terroir et où ils rentraient le soir.
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Le plan de la tour du Sud
Levé en 1840
(Archives Autheman-Saurel)
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Le plan du château
Levé en 1856
(Archives Autheman-Saurel)
L’étoile, fort rustique, qui devait orner la porte du château
Sa face Nord en 1690 avec une tour dotée d’une horloge et de cloches provenant de l’église St Michel
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De ses recherches et fouilles, Alfred Saurel tire en 1857 le plan ci-dessus qu’il publie dans sa « Statistique de la commune de Cassis ». Nombre de bâtisses avaient été abattues sur ordre de Bonaparte, d’où la mention « destination inconnue ».
Les aléas d’un château
Cassis, passé définitivement à la fin du XVème sous la gouverne de l’évêque de Marseille, déborde du castrum : deux villages, l’un au château, l’autre en contrebas, car la population s’accroît en une époque plus calme et prospère.
C’est sans compter en 1524 l’assaut livré par l’armée du connétable de Bourbon aux ordres de Charles Quint qui massacre, pille et détruit les remparts. La menace toujours présente des « Maures infidèles » puis les guerres de religion conduisent les Cassidens à organiser à nouveau leur défense. A la fin de ce siècle éprouvant, l’on peut se réinstaller dans le bourg et déserter le château réduit à sa fonction militaire.
Gouverneur adjoint de la Provence, le comte de Grignan en renforce à la fin du XVIIème les défenses avec de nouveaux canons. Des batteries renforcées sur ordre de Bonaparte en 1794 mais qui ne résisteront pas à l’assaut en 1813 d’un commando de marins anglais.
Désormais le château tombe en déshérence et l’administration des Domaines le vend à un buraliste de Saint-Cyr. Son délabrement progressif en fait une ruine romantique dont le pittoresque attire les photographes des cartes postales des années 1900.
Les peintres y grimpent pour avoir une vue surplombante du village, ainsi Jean Julien en 1920, ou représentent un château rendu fantomatique par le contrejour comme fait en 1933 Antoine Ponchin, voire se laissent séduire, comme en 1934 le jeune Nicolas de Staël, par l’épure des lignes.
Jean JULIEN
Antoine PONCHIN
Nicolas de STAËL
Un château flambant neuf
Appartenant à un Américain, Mr. Montgomery, occupé pendant la guerre par le « Stutzpunktgruppe », puis devenu pendant 35 ans propriété de la famille Bernière, son achat tentant un moment Brigitte Bardot, alors hôte de Jerome Hill, envisagé un temps par l’Evêché comme maison de retraite pour des prêtres, ce qui restait de l’édifice a été l’objet de 6 années de travaux destinés, selon l’expression de ses derniers propriétaires, à « effacer les marques du temps et transformer le château aux lignes brutes » en un lieu luxueux de séjour. On jugera si ces nombreux remaniements auront préservé le patrimoine architectural.
Pierre MURAT